Je me suis arrêtée à Fozzano pour rencontrer Fanette Istria…
En Corse du Sud, perché sur les hauteurs de la Rocca, se trouve un petit village nommé Fozzano. Le lieu est surtout connu pour le personnage historique de Colomba Carabelli, qui a inspiré Prosper Mérimée pour écrire sa nouvelle éponyme, Colomba, publiée en 1840. Toutefois, ce n’est ni la tombe de Colomba ni la tour Carabelli qui avaient guidés mes pas vers ce petit village.
En vue de ce voyage en Corse (été 2012,) je m’étais procurée le Guide du Routard. J’avais lu qu’une certaine Fanette Istria de Fozzano fabriquait des poupées mannequins et les habillait de costumes corses traditionnels. Alors, après quelques pas dans le village, je croisai une dame qui prenait le frais sur sa chaise devant sa maison en cette fin d’après midi caniculaire.
« Excusez moi Madame, je cherche Fanette Istria, la dame qui fabrique les poupées…
-Madame Istria, ah je ne sais pas ! » répondit la dame amusée. La dame en question n’était autre que Fanette qui fut ravie d’ouvrir son rez-de –chaussée. Il y abritait son atelier de confection et les poupées en question.
Le pourquoi de ces poupées corses en costumes traditionnels
Fanette expliqua avec enthousiasme et un large sourire comment elle en était venue à créer des poupées et leur confectionner des costumes à la mode corse d’antan. Sa maman qui venait du « continent » était peintre.
Amoureuse de la Corse, elle était venue s’y installer. Elle s’était liée d’amitié avec un Monsieur qui avait écrit et soutenu une thèse à l’Université de Provence. Une thèse très complète et détaillée sur les costumes corses à travers le temps. C’est pourquoi Fanette possédait quelques esquisses en couleur et pages rédigées par le thésard en question, Rennie Pecqueux-Barboni. Elle conservait ces documents précieusement dans un porte-vues.
L’explication de Fanette était passionnante. D’ailleurs, ses poupées n’ont rien à voir avec celles qu’on trouve dans les magasins de souvenirs.
Les poupées de Fanette : des œuvres d’art qui permettent de faire découvrir le folklore et les traditions corses
Le visage et les mains de la poupée sont en cire. Fanette peint elle même les détails du visage (c’est à dire les yeux, le nez et la bouche.)
Cependant, ce sont surtout les costumes qui sont les plus intéressants. Beaucoup de gens ont une idée reçue de la Corse concernant le costume féminin traditionnel. En effet, on a tendance à penser au costume noire et triste de la veuve éplorée.
En fait, cette image n’est venue qu’après la première guerre, la Corse ayant perdu beaucoup de jeunes combattants entre 1914 et 1918. Toutefois, chaque pieve (paroisse) de Corse avait son costume traditionnel que les femmes portaient lors des fêtes. Et tous n’étaient pas sombres, bien au contraire ! Certaines tenues sont très colorées, et les bijoux traditionnels viennent ajouter une pointe de couleur supplémentaire.
Pour finir, la tentation fut trop grande : je lui achetai une poupée. Ma préférence se porta sur « la dame de Porto Vecchio ». Vêtue d’une longue robe, d’un grand châle noir et arborant un pendentif imitant les bijoux de corail rouge typiques de la région. J’adore cette poupée ! Le souci du détail, le soin apporté à la confection du costume (Fanette a même fabriqué tous les jupons sous la robe, au nombre de quatre !) … Cette rencontre restera un beau souvenir de vacances.

Fanette prend soin de créer chaque jupon de ses poupées, même si ces derniers ne sont pas visibles à première vue

On note la croix en perles de rocaille autour du cou de la poupée. Dans le sud de la Corse, on trouve de nombreux bijoux artisanaux faits à base de corail rouge.
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